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qui se trouve en ces idées, est nécessairement dans les choses. Ainsi, pour savoir si mon idée n est point rendue non complète ou inadaequata, par quelque abstraction de mon esprit, j examine seulement si je ne l ai point tirée, non de quelque chose hors de moi qui soit plus complète, mais de quelque autre idée plus ample ou plus complète que j ai en moi, et ce per abstractionem intellectus, c'est-à-dire en détournant ma pensée d une partie de ce qui est compris en cette idée plus ample, pour l appliquer d autant mieux et me rendre plus d autant plus attentif à l autre partie. Ainsi, lorsque je considère une figure sans penser à la substance ni à l extension dont elle est figure, je fais une abstraction d esprit que je puis aisément reconnaître par après, en examinant si je n ai point tiré cette idée que j ai, de la figure seule, hors de quelque autre idée plus ample que j ai aussi en moi, à qui elle soit tellement jointe que, bien qu on puisse penser à l une sans avoir aucune attention à l autre, on ne puisse toutefois la nier de cette autre lorsqu on pense à toutes deux. Car je vois clairement que l idée de figure est ainsi jointe à l idée de l extension et de la substance, vu qu il est impossible que je con- çoive une figure en niant qu elle ait une extension, ni une extension en niant qu elle soit l extension d une substance. Mais l idée d une substance étendue et figurée est complète, à cause que je la puis concevoir toute seule, et nier d elle toutes les autres choses dont j ai des idées. Or, il est, ce me semble, fort clair que l idée que j ai d une substance qui pense, est complète en cette façon, et que je n ai aucune autre idée qui la précède en mon esprit, et qui lui René Descartes, Correspondance 31 soit tellement jointe, que je ne les puisse bien concevoir en les niant l une et l autre ; car s il y en avait quelqu une en moi qui fût telle, je devrais nécessai- rement la connaître. On dira peut-être que la difficulté demeure encore, à cause que, bien que je conçoive l âme et le corps comme deux substances que je puis concevoir l une sans l autre, et même en niant l une de l autre, je ne suis pas toutefois assuré qu elles sont telles que je les conçois. Mais il en faut revenir à la règle ci-devant posée, à savoir que nous ne pouvons avoir aucune connaissance des choses, que par les idées que nous en concevons ; et que, par conséquent, nous n en devons juger que suivant ces idées, et même nous devons penser que tout ce qui répugne à ces idées est absolument impossible, et implique contradiction. Ainsi nous n avons aucune raison pour assurer qu il n y a point de montagne sans vallée, sinon que nous voyons que leurs idées ne peuvent être complètes quand nous les considérons l une sans l autre, bien que nous puissions, par abstraction, avoir l idée d une montagne, ou d un lieu qui va en montant de bas en haut, sans considérer qu on peut aussi descendre par le même de haut en bas. Ainsi, nous pouvons dire qu il implique contradic- tion, qu il y ait des atomes ou des parties de matière qui aient l extension et toutefois soient indivisibles, à cause qu on ne peut avoir l idée d une chose étendue qu on puisse avoir aussi celle de sa moitié, ou de son tiers, ni, par conséquent, sans qu on la conçoive divisible en 2 ou en 3. Car, de cela seul que je considère les deux moitiés d une partie de matière, tant petite qu elle puisse être, comme deux substances complètes, & quarum ideae non redduntur a me inadequatae per abstractionem intellectus, je conclus certai- nement qu elles sont réellement divisibles. Et si on me disait que, nonobstant que je les puisse concevoir, je ne sais pas pour cela si Dieu ne les a point unies ou jointes ensemble d un lien si étroit qu elles soient entièrement insépa- rables, et ainsi que je n ai pas de raison de le nier ; je répondrais que, de quelque lien qu il puisse les avoir jointes, je suis aussi assuré qu il peut aussi les disjoindre de façon qu absolument parlant, j ai raison de les nommer divisibles, puisqu il m a donné la faculté de les concevoir comme telles. Et je dis tout le même de l âme et du corps, et généralement de toutes les choses dont nous avons des idées diverses et complètes, à savoir qu il n implique aucune contradiction qu elles soient inséparables. Mais je ne nie pas pour autant qu il ne puisse y avoir dans l âme ou dans le corps plusieurs propriétés dont je n ai aucunes idées ; je nie seulement qu il y en ait aucune qui répugne aux idées que j en ai et, entre autres, à celle que j ai de leur distinction ; car autrement Dieu serait trompeur, et nous n aurions aucune règle pour assurer de la vérité. La raison pour laquelle je crois que l âme pense toujours, est la même qui me fait croire que la lumière luit toujours, bien qu il n y ait point d yeux qui la regardent ; que la chaleur est toujours chaude, bien qu on ne s y chauffe René Descartes, Correspondance 32 point ; que le corps ou la substance étendue a toujours de l extension ; et généralement que ce qui constitue la nature d une chose est toujours en elle [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ] |
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